Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/117

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de 4 ticaux. C’est à la fin de la saison des pluies que les Annamites chrétiens se réunissent en troupes de quinze à vingt, et partent sous la conduite d’un homme expérimenté, qui devient le chef de l’expédition et indique d’ordinaire aux autres les arbres qui renferment du bois d’aigle, car tous ne sont pas également habiles à reconnaître ceux qui en contiennent, et il faut, pour bien réussir et s’éviter un travail inutile et pénible, une expérience que l’on n’acquiert qu’avec le temps. Les uns restent dans les montagnes environnantes, les autres vont aux grandes lies de Ko-Xang ou de Ko-Kut, situées au sud-est de Chantaboun.

Le bois d’aigle est dur, moucheté, et répand une forte odeur aromatique lorsqu’on le brûle. Il sert à brûler, après leur mort, le corps des princes et des hauts dignitaires que l’on conserve préalablement pendant une année dans un cercueil. Les Siamois l’emploient également en médecine. Le bois de l’arbre qui le produit est blanc et très-tendre, et il faut l’abattre et le fendre en entier pour trouver le bois d’aigle qui est répandu dans l’intérieur du tronc. Les Annamites font une espèce de secret des indices auxquels ils reconnaissent l’arbre qui en contient. Le peu de renseignements qu’ils ont voulu me donner m’a cependant mis sur la vole. Je fis abattre sur la montagne plusieurs arbres que je jugeais devoir en contenir, et le résultat de mes observations est que ce bois se forme dans les cavités de arbre, et que plus celui-ci est vieux, plus il en contient. On frappe le tronc de l’arbre, et s’il rend un son creux et laisse échapper par les nœuds une