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odeur plus ou moins forte de bois d’aigle, on est assuré qu’il en renferme.

La plupart des Chinois marchands se livrent à l’opium et au jeu ; les Annamites chrétiens ont en général une conduite plus réglée ; mais leur caractère est tout l’opposé de celui des Siamois, qui sont mous, paresseux, insouciants et légers, mais généreux, hospitaliers, simples et sans orgueil. L’Annamite est petit, maigre, vif, actif, mais prompt et colérique. Il est sombre, haineux, vindicatif et surtout orgueilleux ; entre parents même, ce sont des dissensions et une jalousie continuelles. Sans pitié pour le pauvre ou pour le malheureux, il est serviteur-né du puissant. L’attachement de ceux qui sont catholiques pour leurs prêtres et les missionnaires fait seul exception ; ils s’exposent pour eux aux plus grands dangers. De leur côté, les païens tiennent fortement à leur idolâtrie par respect pour leurs ancêtres. Dans les rapports que j’ai eus avec les uns et les autres, tant à Chantaboun que dans les îles, où j’en rencontrais fréquemment, venus de ce premier endroit ou de Kampot, port du Cambodge, je n’ai eu qu’à me louer de la générosité et de la bonté des païens.

Les missionnaires de Bangkok m’ayant donné une lettre d’introduction pour leur confrère de Chantaboun, je descendis chez lui et j’eus le plaisir de rencontrer un digne homme qui me reçut avec la plus grande cordialité et mit à ma disposition une chambre de sa modeste habitation. Depuis plus de vingt ans ce bon père se trouve à Chantaboun avec les Annamites qu’il a baptisés, content et heureux