Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/32

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quoi le chœur répond pour l’assistance : « Nous les avons élevés vers le Seigneur. » Pourtant les idées les plus impures assiègent peut-être en ce moment notre esprit. « Oh ! que fais-tu, mon frère ? » disait jadis St. Éphraïm le Syrien ; « n’as-tu pas promis au prêtre de tenir ton cœur élevé vers le Seigneur, et ne crains-tu pas d’être en ce moment même convaincu de mensonge ? Ô miracle immense ! L’agneau de Dieu s’immole pour toi, toutes les puissances célestes se joignent au prêtre pour prier pour toi, le sang de J. C. coule dans la coupe sacrée, et tu n’es pas confondu, tu ne fonds pas en larmes, et tu ne pries ni pour toi-même, ni pour les autres dans cet auguste moment ! »

« Rendons grâce à Dieu, » dit finalement l’évêque, en donnant sa bénédiction aux fidèles ; puis il rentre dans le sanctuaire, au son de la grande cloche qui s’ébranle, pendant que le chœur chante en réponse : « Il est digne, il est juste de vous adorer, Père, Fils et Saint-Esprit, Trinité consubstantielle et indivisible. » Revenu à l’autel où déjà le sacrifice s’apprête, le pontife récite des actions de grâces, et rappelle ensuite tous les admirables et indicibles bienfaits que le Seigneur a versés sur le genre humain depuis la création du monde jusqu’à sa rédemption ; saisi d’une certaine extase, qui ne lui laisse pas trouver des paroles humaines assez élevées pour proférer des louanges dignes de leur divin objet, il se rappelle soudain le chant qu’Isaïe entendit de la bouche des séraphins, qui apparurent aussi à Ézéchiel sous les mystérieux emblèmes de l’aigle, du taureau, du lion et de l’homme, et il s’écrie : « ils