Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/91

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Pères du désert, l’Église, par des cantiques élevés, passe subitement au paradis perdu ; au jour qui précède le grand carême, elle rappelle ainsi la déplorable intempérance d’Adam :

« Seigneur mon Créateur, qui m’avez tiré de la poussière, qui m’avez animé de l’esprit de vie, qui aviez daigné me donner empire sur toutes les choses visibles de la terre dans la société des anges ; le démon tentateur, au moyen du serpent, m’a séduit par le manger, et m’a privé de la gloire divine, en me livrant à la mort qui doit me faire redescendre dans la terre ; arrachez-moi de là, Seigneur miséricordieux ! »

« Seigneur ! cédant aux conseils de l’ennemi, j’ai transgressé votre commandement divin, je me suis dépouillé, malheureux que je suis, du vêtement d’innocence, que Dieu m’avait donné, et je me suis revêtu de feuilles de figuier et d’habits de peaux ; j’ai été condamné à manger un pain de labeur et la terre maudite a été destinée à me produire des ronces et des épines ; mais vous, qui dans les derniers temps avez pris chair d’une vierge, rappelez-moi à vous et réintégrez-moi dans le paradis. »

Écoutez maintenant comment Adam pleure amèrement à la vue du paradis perdu :

« Ô prairie bienheureuse ! jardin planté de la main de Dieu ! splendeurs du paradis ! que vos feuilles, comme autant d’yeux, répandent aujourd’hui des larmes sur moi, dépouillé de tout, et désormais étranger à la gloire de Dieu ! »