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ensuite d’autres marchandises. Enfin, lorsque j’arrivai à Marseille, mon petit commerce m’avait nourri pendant le voyage & j’avais soixante francs.

VICTOR.

C’était d’un bon présage.

JÉRÔME.

À Marseille, je vendais des allumettes & de la petite mercerie dans les cafés. Je me promenais souvent sur le port, songeant toujours à m’embarquer. Enfin, un jour, j’y rencontrai un capitaine de vaisseau marchand, dont la figure franche & bonne m’enhardit à lui parler de mon dessein. Je lui demandai de me prendre à son bord, lui offrant de lui servir de domestique pendant toute la traversée, sans autre gage que ma nourriture. Il accepta, & je dois dire que pendant le voyage, il n’exigea de moi aucun service de domestique. Au contraire, il m’instruisait, me faisait apprendre le calcul, la tenue des livres, & me donnait des conseils sur ce que je pourrais faire dans le Nouveau Monde.

VICTOR.

C’était un bien brave homme.

JÉRÔME.

Arrivé à la Martinique, il me plaça chez un riche planteur qui avait une grande exploitation. Mon activité & ma fidélité gagnèrent bientôt la confiance de mon