Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 2.djvu/14

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il faisait aussi les déménagements à la lune… Il avait trois ânes qui valaient douze francs à eux trois… Il leur donnait pas grand’chose à manger, mais il les entreposait dans la Cour du soleil & ils buvaient à discrétion… à la pompe.

Mme BOBINARD.

Qu’est-ce que tu me racontes là ?

GUIGNOL

C’est pour en revenir à ma tante… Elle m’avait promis aussi son héritage. Elle me disait toujours : Mon petit Guignol, tout ce que j’ai c’est pour toi… Un beau jour je reçois une lettre d’elle, qu’elle était morte à la Grive, près de Bourgoin, où elle demeurait. Vous connaissez ben la Grive ?… Je prends la carriole pour y aller… Dans ce temps-là y avait pas de chemin de fer pour Bourgoin… On couchait en route… on couchait à la Verpillière… même qui m’est arrivé là des aventures bien drôles… Le conducteur disait toujours : Allons, messieurs, en voiture, la carriole va partir[1]… Puis elle partait jamais, sa carriole… Je vous raconterai ça une autre fois… J’arrive donc à la Grive. Toutes les

  1. Il y a ici une allusion à l’histoire comique d’un voyage de Lyon à Bourgoin au temps jadis, histoire fort connue dans les ateliers des peintres lyonnais, sous ce titre : La carriole va partir. Le premier auteur de ce récit, souvent revu & augmenté, est un musicien nommé Verdelet, qui vivait, comme Mourguet, dans les premières années de ce siècle, & auquel ses narrations en langage canut, plus encore que son habileté à faire danser la jeunesse lyonnaise, avaient valu une véritable célébrité.