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Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 2.djvu/358

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Scène V.

GUIGNOL, seul.

Le v’là endormi… C’est ben le cas de me faire une goutte de bullion ; je me sens l’estomac creuse… Mais ousque je pendrai ma marmite ? (On voit descendre un crochet.) Tiens, v’là une crémaillère. (Il va chercher sa marmite & l’accroche) J’y ai mis de l’eau… Mes légumes à présent ! (Il les apporte successivement & les mets dans la marmite qui parfois remonte, disparaît & revient après un instant.) Ah ben, oui ! & le feu pour faire cuire tout ça !… Comment que je m’en vais en faire ? J’ai point apporté de briquet. (Une flamme s’élève autour de la marmite.) Tiens, tiens, qué drôle d’endroit tout de même !… Si on pouvait avoir ça sur la place de la Trinité… feu à volonté… ça serait cannant pour se faire sa cuisine… C’est p’t-être ici un terrain tout en allumettes chimiques ; rien qu’en marchant dessus, pft… sans éclat & sans bruit… Pourvu que ma marmite pète pas… elle est solide… Allons, ça cuit tout seul… Brûle, brûle, m’amie ; ça va me faire une soupe chenuse[1]. (Il baille.) Mais j’ai les yeux plus gros que les genoux… Si je faisais comme mon maître… si je me berçais, pendant que la soupe cuit… (Il se couche sur la rampe, en chantonnant : No, no, l’enfant do. — On entend des hurlements. — Un papillon ou un oiseau de nuit vient chatouiller Guignol ; il le poursuit sans pouvoir l’atteindre. — Lorsqu’il se recouche, un serpent

  1. Chenu, chenuse : délicieux.