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L’ENVERS DU JOURNALISME

la matinée passée au recorder et le lunch pris à la hâte, c’étaient des après-midi consacrées à faire des traductions, à rédiger des nouvelles pour le lendemain, puis, le soir, harassé de fatigue, il lui fallait encore passer ses soirées hors de chez lui et assister à des réunions où la gaieté et l’entrain de tous achevaient le travail d’annihilation de son esprit. Il rentrait à moitié ivre de fatigue et de sommeil, et s’éveillait, le lendemain, pour recommencer.

Après quelques semaines ainsi passées, s’il ne tombait pas malade et s’il n’était pas pris de découragement, on lui reconnaîtrait la santé et l’énergie nécessaires pour devenir un bon reporter.

Tous ont passé par là et tous suivent avec curiosité les débuts d’un nouveau, dans une salle de rédaction.

Martin rencontrait quelques sympathies parmi ses camarades, mais il se heurtait à un nombre encore plus grand d’indifférents.

« Vois-tu », lui disait Bernier, « il y a beaucoup de solidarité parmi les journalistes, mais il y a encore plus d’égoïsme. On trouve cependant de bons diables, parmi nous. Pour ta gouverne, je vais, si tu veux, te dire ce que sont les membres de la rédaction, ici. De cette façon, tu les connaîtras, et tu sauras comment te conduire, dans tes rapports avec eux. »

Martin ne demandait pas mieux. Une après-midi qu’ils étaient inoccupés, Bernier fit une revue des reporters du journal et lui donna sur le caractère de chacun des renseignements qui devaient lui être très utiles dans la suite.