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L’ENVERS DU JOURNALISME

Il eut tout de suite l’impression que ce policier n’était pas à sa place dans une petite ville d’habitude si paisible. Il avait l’air tellement réservé et perspicace, il était si plein de sous-entendus et il prenait des airs si convaincus que Martin vit tout de suite qu’il avait affaire à un homme d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Il lui exposa sa théorie au sujet du meurtre et le chef de police lui exposa la sienne. La théorie du chef de police de Beauséjour était très plausible, mais il n’y avait pas moyen d’y rien comprendre. Martin en conclut que le chef de police savait tout, mais qu’il ne voulait rien dire. — C’est le propre d’un policier de génie de cacher ainsi sa pensée et Martin demeura confondu d’admiration.

Il allait prendre congé, mais le chef le retint. Il s’assura que personne ne le voyait, regarda derrière les portes et sous les tables, et offrit alors mystérieusement un verre de « gin » à Martin, qui le but avec une dignité bien sentie.

Ils se quittèrent enchantés l’un de l’autre.

Martin envoya plusieurs télégrammes, vers midi, en outre de l’histoire qu’il avait mise à la poste de bonne heure, le matin.

Il retourna ensuite à l’hôtel, prit un bon dîner et attendit, satisfait, le résultat de tant de travail.

Ce résultat ne tarda pas à arriver, sous la forme d’un télégramme ainsi conçu :

« N’envoyez donc pas aussi long de ces insignifiances.

« Lebrun, city-editor. »

Martin avait complètement distancé les autres