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L’ENVERS DU JOURNALISME

reporter éreinté par plusieurs années d’un pénible labeur.

Les changements dans le personnel d’une rédaction sont fréquents, car la besogne est dure et les salaires ne sont guère suffisants pour permettre à ceux qui ont de la famille de prendre convenablement soin d’eux-mêmes et des leurs. Les accidents de santé ont fréquemment raison des constitutions épuisées des pauvres reporters. Dupin avait profité de cet état de choses et il était entré au journal, avec un salaire de dix dollars, soit cinquante francs par semaine. Il n’avait pas été assez heureux pour obtenir de fortes augmentations et, au bout de six mois, n’étant parvenu à gagner que douze dollars par semaine, il avait abandonné le journalisme, pour entrer à l’administration d’un théâtre local. C’étaient les directeurs de ce théâtre qui le cherchaient en vain.

Martin méditait encore sur cette fugue, dont il ne comprenait pas la raison, quand Lebrun vint le trouver et lui demanda s’il aimerait à aller aux sources…, lui nommant en même temps une station thermale située le long d’une voie ferrée et appartenant à la compagnie qui exploitait cette voie. La compagnie avait décidé de tenir son hôtel ouvert pendant la saison d’hiver, pour la première fois depuis l’inauguration de cet hôtel, et elle avait invité les journaux à envoyer des représentants visiter les sources, à cette occasion.

« Vous serez l’hôte de la compagnie », dit Lebrun à Martin. « Vous n’aurez pas d’autre chose à faire qu’à vous amuser, pendant deux jours. Et au re-