Page:Mousseau - L'envers du journalisme, 1912.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
L’ENVERS DU JOURNALISME

rendu sobre et précis, qui donnerait aux électeurs l’illusion qu’on s’occupait de leurs intérêts avec sollicitude, à l’hôtel-de-ville.

Les banalités succédaient aux banalités, le compte rendu prenait fort bonne tournure et tirait à sa fin, quand les feuillets de copie s’envolèrent tout à coup. Lachapelle dut s’interrompre pour les rattraper.

La rafale qui avait emporté ses papiers provenait d’une fenêtre située en arrière de lui. Cette fenêtre, fermée à son arrivée, était maintenant grande ouverte. Martin, qui était seul avec lui dans la rédaction, à ce moment, n’avait pas bougé de sa place. Qui donc avait ouvert la fenêtre, au risque de lui faire attraper une pleurésie, car il avait le dos tout humide et froid comme de la glace ? Il demanda à Martin si c’était lui. « Non », répondit ce dernier, « mais si tu veux, j’irai bien la fermer. On gèle, n’est-ce pas ?

— Non, laisse, dit Lachapelle, je vais la fermer moi-même.

Il la ferma, vint se rasseoir et continua à écrire.

Peu d’instants après, un garçon de bureau vint, en tapinois, rouvrir la fenêtre.

« Pourquoi fais-tu cela, » lui demanda Lachapelle ?

Le garçon rougit et balbutia, et finit par avouer que c’était l’assistant-city editor qui lui avait donné ordre d’en agir ainsi.

« Laisse-la fermée, » lui dit Lachapelle ; « il fait trop froid. »

Martin avait tout vu et tout entendu.