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L’ENVERS DU JOURNALISME

« Qu’en penses-tu, » lui demanda Lachapelle ?

— Ça m’a bien l’air fait exprès.

— Alors, il s’amuse à essayer de nous faire prendre du mal.

— Eh ! oui.

— Pourquoi fait-il cela ?

— Je ne le sais pas, mais on dirait que c’est son intention.

— En effet, ce n’est pas la première fois que cela se produit.

— C’est incroyable.

— L’autre jour, comme j’entrais, un correcteur d’épreuves m’a demandé, sans faire semblant de rien, si j’avais chaud. J’ai dit que oui et je me suis mis à travailler, après avoir enlevé mon habit, comme aujourd’hui. Je l’ai vu chuchoter avec l’assistant-city editor. Deux minutes après, le garçon ouvrait la et je recevais un courant d’air dans le dos.

— J’ai observé bien des petits faits significatifs, moi aussi.

Si Lachapelle eut voulu en dire plus long sur les ennuis qu’il avait à subir, il aurait pu raconter comment l’assistant city editor, un journaliste étranger qui avait succéder à Bernier, envoyait les garçons jouer aux cartes sur le pupitre voisin du sien, quand il était accablé d’ouvrage et que leur bavardage et leurs cris le fatiguaient au delà de toute expression ; comment il le faisait lever de son siège dix fois de suite, pour lui signaler les accents aigus qu’il pouvait avoir oubliés ; comment il lui faisait faire des travaux de longue haleine, à la