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Page:Mugnier - Les Savoyards en Angleterre au XIIIe siècle et Pierre d’Aigueblanche évêque d’Héreford.djvu/80

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Saint-Paul, les chanoines s’y opposèrent et en appelèrent au souverain pontife ; ainsi excommuniat-il le doyen et les autres ».

Le lendemain « encore gonflé de colère et vêtu d’une cuirasse sous ses habits. Boniface se rendit au prieuré de Saint-Barthélémy pour y visiter les chanoines. Ceux-ci le reçurent en grande pompe, mais dirent à Boniface qu’ayant un évêque habile et attentif, ils ne devaient ni ne voulaient être visités par un autre. En entendant cela, l'archevéque, saisi d’un accès décolère indécent, se précipita sur le sous-prieur ; et oubliant la dignité que lui imposait sa condition, ainsi que la sainteté de ses prédécesseurs, il frappa d’une manière impie, avec son poing fermé, un saint prêtre, un religieux au milieu de son église, redoublant brutalement ses coups sur la poitrine de ce vieillard, sur sa face vénérable, sur sa tête blanchie, et disant d’une voix retentissante : « Voilà comment, voilà comment il convient de traiter ces traîtres d’Anglais ! » Puis, dans un moment de fureur encore plus horrible, et avec des jurements que je n’ose rapporter, il demanda qu’on lui apportât son épée sans retard. Comme le tumulte augmentait et que les chanoines s’efforçaient d’arracher leur sous-prieur des mains de ce forcené, le même archevêque déchira cette chape précieuse dont le sous-prieur était revêtu, arracha le fermail (1) qu’on

(1) Voir la chape et son agrafe au sceau de Pierre d’Aigueblanche ; planche I, no 2.