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Page:Mugnier - Les Savoyards en Angleterre au XIIIe siècle et Pierre d’Aigueblanche évêque d’Héreford.djvu/81

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appelle vulgairement le mors ; ce qui fit que ce vêtement, enrichi d’or, d’argent et de pierres précieuses, fut foulé aux pieds de cette foule qui se heurtait, et absolument perdu. Cette chape magnifique, foulée ainsi aux pieds et déchirée, fut donc gâtée sans remède ; mais la fureur de l’archevêque n’était pas apaisée. En effet, repoussant le saint homme par un choc violent et le forçant à reculer, il serra si violemment ce corps de vieillard contre une barre de bois qui séparait deux stalles et qui servait d’appui, qu’il lui brisa les os jusqu’à en faire sortir la moelle, et dans sa fureur lui écrasa la poitrine. À la vue des excès auxquels se portait l’archevêque, les autres arrachèrent à grand’peine le sous-prieur évanoui des portes de la mort, en repoussant l’oppresseur. Celui-ci était tombé à la renverse, et ses vêtements s’étant écartés, plusieurs personnes aperçurent visiblement sa cuirasse, et furent saisies d’horreur en voyant un archevêque cuirassé. Aussi plusieurs conjecturaient qu’il était venu en ce lieu avec l’intention, non pas de visiter les chanoines et de corriger les erreurs, mais d’exciter une rixe. Pendant ce temps, les officiers de l’archevêque, Provençaux comme lui et gens à la main prompte, se jetèrent brutalement sur le reste des chanoines qui étaient faibles, sans armes et surpris à l’improviste ; et l’archevêque et ses hommes, animés par son ordre et par son exemple, maltraitèrent un grand nombre d’entre eux, les frappant, les déchirant, les renversant, les foulant aux pieds. Alors les chanoi-