Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/358

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l’abbé Murât. Le jeune Joachim aimait les plaisirs, il fit des dettes et craignant le courroux paternel il s’enrôla dans un régiment de chasseurs des Ardennes qui passa par Toulouse. Renvoyé pour insubordination, il retourna quelque temps chez son père, et fut admis ensuite dans la garde constitutionnelle de Louis XVI. Sous-lieutenant dans le 11e de chasseurs à cheval. Lieutenant-capitaine et chef d’escadron en 1792. Destitué comme terroriste après le 9 thermidor. Aide-de-camp du général Bonaparte à la première campagne d’Italie. Général de brigade à la même armée.

A la bataille de Roveredo ( 4 septembre 1796), il. fut chargé par Bonaparte de poursuivre l’ennemi qui, en fuyant, cherchait à se rallier ; à la tête d’un escadron de chasseurs du 10e régiment dont chaque cavalier portait un fantassin en croupe / il passa l’Adige à gué, et cette attaque inattendue jeta la confusion dans les rangs de l’ennemi. Au combat de Bassano, livré le 22 du même mois, il commandait un corps de cavalerie dont les charges brillantes contre les carrés de l’infanterie austro-sarde contribuèrent puissamment au succès de la journée.

Le 13 mars 1797 il exécuta avec sa cavalerie le fameux passage du Taglia-mento, fait d’armes qui déconcerta tous les plans de l’archiduc Charles et qui devait forcer l’Autriche à signer les préliminaires d’un traité de paix.

Général de division en Égypte, il déploya la plus grande valeur à la prise d’Alexandrie et à la bataille des Pyramides.

Un jour il fut enveloppé par un grand nombre de Mamelucks ; on le crut tué ; mais quelques cavaliers français parvinrent à le dégager ; il n’avait reçu aucune blessure ; mais son sabre brisé et teint de sang attestait la lutte qu’il venait de soutenir. Quand Bonaparte mit le siège devant Saint-Jean-d’Àcre, l’infériorité de l’artillerie française décida le général en chef à tenter l’assaut de cette place. Murat se présenta pour monter le premier à l’assaut ; Bonaparte lui refusa d’abord ce périlleux honneur ; mais Murât fut si pressant qu’il fallut bien le lui accorder. Sainl-Jean-d’Acre eût été emporté si l’héroïsme avait pu suffire. A cet assaut meurtrier où Murât se distinguait, comme un but aux coups de l’ennemi, par le pa-nadhe qui flottait au-dessus de sa tête, il reçut dans le collet de son habit une balle qui traversa sa cravate et lui effleura le cou ; son panache abattu par une autre balle resta au pouvoir des assiégeants, et le pacha l’ayant réclamé, le montrait toujours comme un glorieux trophée.

Mustapha-Pacha, à la tête de 18,000 Turcs, avait abordé dans la rade d’Abou-kir. Bonaparte ayant ordonné l’attaque du camp des Turcs, ceux-ci se défendaient avec courage et quelque chance de succès, lorsque Murât, commandant de l’avant-garde, détacha un de ses es-, cadrons, en lui ordonnant de charger l’ennemi et de traverser toutes les positions," pendant que le général Lannes se portait à l’attaque d’une redoute jusqu’aux fossés de laquelle l’escadron de Murât devait pénétrer. Ces deux attaques combinées jetèrent le trouble et la confusion dans le camp ennemi. « L’intrépide cavalerie du général Murât, écrivait Bonaparte au Directoire, a résolu d’avoir le principal honneur de cette journée ; elle charge l’ennemi sur sa gauche, se porte sur les derrières de la droite, la surprend à un mauvais passage et en fait une horrible boucherie. Le gain de cette bataille est dû principalement à Murât. Je vous demande pour lui le grade de général de division ; sa brigade de cavalerie a fait l’impossible. »