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plus loin, répondit Partouneaux. »

L’attitude et les efforts du général Partouneaux, dans cette malheureuse circonstance, n’offrait rien que d’honorable pour la gloire de nos armes. II opéra une heureuse diversion et favorisa le passage des restes de la grande armée sur les ponts établis à Studzianka, en empêchant l’ennemi de porter son attention sur ce point.

Le 29’ Bulletin delà grande armée, en rendant compte de cette affaire, s’exprimait ainsi.

« La division Partouneaux partit là nuit de Borisow. Une brigade de cette division, qui formait l’arrière-garde et qui était chargée de brûler les ponts, partit à sept heures du soir ; elle chercha la première brigade et son chef de division qui étaient partis deux heures avant, et qu’elle n’avait pas rencontrés en route. Ses recherches furent vaines. On conçut alors des inquiétudes : tout ce qu’on a pu connaître, c’est que cette première brigade, partie à cinq heures, s’est égarée à six, a pris à droite au lieu de prendre à gauche, et a fait deux ou trois lieues dans cette direction ; que la nuit, et transie de froid, elle s’est ralliée aux feux de l’ennemi, qu’elle a pris pour ceux de l’armée française : entourée ainsi, elle aura été enlevée. Cette cruelle méprise doit nous avoir fait perdre 2,000 hommes d’infanterie, 300chevaux et trois pièces d’artillerie. Des bruits couraient que le général de division n’était pas avec sa colonne et marchait isolément. » D’après ce qui précède, on s’aperçoit facilement que l’Empereur ignorait les obstacles que la division Partouneaux avait rencontrés, les combats Qu’elle avait soutenus, les perles qu’elle avait éprouvées et ses longs efforts pour s’ouvrir un passage. Mieux informé, Napoléon ne tarda pas à rendre justice au brave général, et il lui donna un témoignage d’estime et de satisfaction en accordant, par un traité signé à Dresde, le 19 juillet 1813, trois places gratuites d’élèves au Lycée de Turin, à ses fils.

Rentré de captivité au mois de juillet 1814, le général Partouneaux demeura en non-activité et fut nommé chevalier de Saint-Louis le 13 août de cette année, et grand officier de la Légion-d’Honneur le 23 du même mois.

Profondément affligé des inculpations contenues dans le 29" Bulletin, et dont il n’eut connaissance qu’à sa rentrée,en France, le général Partouneaux réclama vivement auprès des différents ministres de la guerre qui se succédèrent à cette époque, et leur adressa une relation de ce qui s’était passé à la désastreuse journée de Borisow. Le maréchal duc de Dalmatie l’ayant autorisé, le 6 février 1815, à donner à son Mémoire toute la publicité qu’il jugerait convenable, il s’occupait de recueillir les matériaux et les documents nécessaires pour rédiger un exposé plus complet de sa conduite à l’affaire du 27 novembre 1812, lorsque Napoléon revint de l’île d’Elbe. A peine la nouvelle de cet événement était-elle parvenue à Paris, que par une lettre du S mars, le ministre de la guerre ordonna au général Partouneaux de partir sur-le-champ en poste pour se rendre à Lyon, auprès du comte d’Artois qui devait lui donner de nouveaux ordres.

Malgré les injonctions qui lui furent adressées à plusieurs reprises par If gouvernement impérial, le général Partouneaux ne voulut accepter aucune fonction, et il adressa à l’Empereur lui-même une lettre dont nous extrayons les paragraphes suivants :

« Je