Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/22

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ton petit individu, je suis maintenant fâché d’avoir commencé ma lettre sur un ton qui va m’attirer toute ta colère.

« Je la referais bien, mais comme les Alpes se trouvent entre toi et moi, je n’en ai rien à craindre pour le moment et d’ici à ce que j’aie le plaisir de te voir, tu seras assez apaisée pour ne pas m’arracher les yeux ; au reste, j’en serai quitte pour t’appeler ma bonne petite sœur, je t’embrasserai et tu me pardonneras.

« Mes enfants et ma femme te plaisent donc ? L’assurance que tu m’en donnes me fait infiniment plaisir, je vois avec bien de la satisfaction que ta sœur ait pu t’inspirer de l’amitié, conserve-la lui, ma bonne amie, c’est une bonne fille qui le mérite, d’ailleurs ce sentiment est le seul qui, dans la vie, soit sans amertume. Combien les familles seraient heureuses si des motifs d’intérêts ou de jalousie ne l’altéraient jamais entre les membres qui la composent ! combien je désire que cette union qui règne entre nous ne cesse jamais ! Pour mon compte, je sens bien que si je perdais l’affection de la famille et de quelques amis, mon existence me deviendrait bien insipide.

« Tu auras sans doute été à Lyon voir le Premier Consul et l’assemblée italienne qui se sont rendus dans cette ville ; je présume que tu auras assez de complaisance pour me dire ce que tu auras vu de digne de remarque.

« Je te prie de dire à Mavielle de ne pas perdre de vue l’objet de ma lettre à mon oncle Riolz.

« Je te fonde ma procuratrice pour donner ton joli petit visage à baiser pour moi à toute la famille, en attendant que je puisse le faire moi-même ; et t’assurer de vive voix combien, de mon aimable sœur, je suis l’affectionné frère. »

P.-S. « Je viens de relire ma lettre, je la trouve d’une bêtise et d’une impertinence amères, mais comme je ne me gêne pas avec mes amis, je ferai avec toi comme avec les autres, c’est-à-dire que je ne prendrai pas la peine de la refaire. »


Dans une seconde lettre à sa sœur, le 16 thermidor de l’an X, nous trouvons une note plus mélancolique :


« Sais-tu bien, ma chère petite sœur, que je suis tout à fait de mauvaise humeur contre toi et contre toute la famille. Mon