Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/221

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prouve que l’humanité ne change pas et que les parents avaient vis-à-vis de leurs enfants des faiblesses semblables à celles des mères de famille du xxe siècle. « Les fillettes des écoles de…, lisons-nous dans ce carnet, sont désobéissantes, gourmandes, fort dissipées. Elles se moquent de leurs maîtresses. Ce dérèglement vient non seulement des maîtres, mais des mères qui ne veulent pas souffrir que l’on trouve à redire à leurs enfants. »

Un précieux manuscrit d’un sieur Gouttebaron[1] « recteur » en 1692 à Saint-Haon-le-Châtel d’une école où quarante écoliers payaient cinq sous par mois, nous initie à l’application du programme scolaire. Parmi les matières enseignées figure la lecture « des contrats », c’est-à-dire des vieux titres si utiles aux paysans pour la défense de leurs droits. Cet usage était général en France et l’Escole paroissiale n’a garde de l’oublier : « Le maistre, dit l’auteur, fera lire les enfants en quelque livre imprimé en lettres gothiques, leur faisant bien connaistre les charactères, ligatures, abrégés et grandes lettres, en cette espèce de charactères, une fois le jour seulement. » (p. 253)

On apprenait l’alphabet dans un livret dit Croix de Jésus ou Croix de par Dieu. Aux élèves de la première classe le vieux « recteur » Gouttebaron conseillait la lecture de l’Introduction à la vie dévote de saint François de Sales.

L’instruction des jeunes filles de la bourgeoisie constituait une sorte de monopole en faveur des religieuses ursulines et des religieuses visitandines. À Montbrison, les ursulines avaient deux couvents bâtis le premier en 1628 ; le second, au faubourg de la Croix en 1651[2]. À Saint-Étienne, à Saint-Bonnet-le-Château, à Saint-Galmier, à Roanne, à Saint-Chamond, à Feurs, leurs pensionnats, au xviie siècle, semblent avoir été prospères. Dans cette dernière ville, les religieuses augustines, affectées aux services de l’hôpital, essayèrent même de les supplanter.

« Les petites écoles » de Montbrison sont établies à la fin du règne de Louis XIV dans la maison d’un sieur Denis (plus tard à Hubert Puy) ; Pierre Planchet les dirige (1718). Le nom

  1. Dissart. — Un maître d'école au xviie siècle à Saint-Haon-le-Châtel, une brochure, Roanne, Chorgnon édit., 1880.
  2. Broutin, précité.