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« Verone, le 27 septembre 1808. »
« Ma chère sœur, »

« J’ai reçu ta lettre du mois d’août. J’attendais pour y répondre qu’on ait statué sur la demande que j’avais faite d’un congé. Le Prince à qui je m’étais adressé me fait répondre qu’il ne pouvait m’en accorder un que sur le territoire de son armée, c’est-à-dire le royaume d’Italie, et que pour en sortir il était nécessaire d’avoir un permis du ministre de la Guerre français. Je lui ai de suite envoyé un mémoire dans lequel je spécifiais positivement que depuis plus de vingt ans que je servais, je n’ai jamais joui du plus petit congé. Il a répondu au Général en chef de l’artillerie de cette armée qui lui avait envoyé ma demande, qu’il la trouvait fondée, mais qu’il ne pouvait me l’accorder, attendu qu’un arrêté de l’Empereur, en date du 21 août, porte qu’il ne sera point accordé de congé pour allaires aux militaires servant aux armées avant le mois de décembre prochain.

« En conséquence, je me suis déterminé à dresser une procuration que j’adresse à M. Lallier. Je lui donne plein et entier pouvoir de terminer mes affaires à l’amiable, sans que dans aucun cas on n’aye recours aux tribunaux. Je ne sais si cette procuration pourra remplir mes intentions, la note que tu m’as envoyée n’a pas pu me guider dans sa rédaction. Il m’aurait fallu un modèle que j’avais demandé à mon oncle par ma lettre du 15 août. Ce modèle ne m’arrivant pas et craignant qu’un plus long retard ne fut préjudiciable à nos intérêts communs, je me suis décidé à en dresser une moi-même. Si elle ne suffisait pas, je la referais sur le modèle qui me serait envoyé.

« Ce n’est pas au moment de la perte que nous venons de faire, ma chère saur, que j’élèverai des discussions qui tendraient à nous diviser ; je n’irai pas donner le spectacle scandaleux d’un fils disputant à ses frères les dépouilles de son père. C’est au contraire le moment d’oublier toutes les petites disputes de notre enfance et de vivre en une union tellement étroite que l’estime publique ne dégénère pas en nous.

« Je vous juge tous d’après moi ; et c’est parce que j’ai la plus entière confiance vous que j’ai choisi pour me représenter l’ancien ami de notre père, celui que nous estimons tous depuis notre plus tendre jeunesse. Je lui ai donné pouvoir en