Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/26

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absolu de tout terminer à l’amiable ; dans aucun cas je ne veux pas que mon nom paraisse devant les tribunaux, je désire en cas de discussion que, comme nous, vous preniez pour arbitre mon oncle Riolz et que vous vous en rapportiez à sa décision.

« Comme l’aîné de la famille, je vous engage, mes bons amis, à ne pas vous séparer. On peut avoir des caractères différents, mais quand on est d’honnêtes gens, qu’on s’estime réciproquement, on peut très bien vivre en bonne intelligence en ayant entre soi un peu d’indulgence les uns pour les autres.

« Si par la suite il convenait à vos intérêts de vous séparer, il faut y réfléchir bien sérieusement avant d’en venir là. Quand on a une existence supportable, il est toujours imprudent, surtout dans ces circonstances, de courir après un bien imaginaire. Je crois donc devoir vous conseiller de continuer la maison entre vous. En y mettant de l’intelligence, de l’union et de la bonne foi, elle ne peut que prospérer, tandis que si vous vous sépariez, et que vous prissiez le parti de vous établir particulièrement, les dépenses tripleraient et peut-être les bénéfices ne pourraient pas les couvrir.

« Je n’ai sûrement pas le droit de rien vous prescrire, aussi mon intention n’est de vous dire que ce que me dicte la plus pure amitié. J’espère donc que vous prendrez tous en bonne part les avis que j’ai cru devoir vous donner. Ils m’ont été dictés par votre intérêt et par celui de notre mère, qui doit passer tranquillement ses jours au sein de la famille, et comme il ne serait pas juste que vous seuls eussiez le plaisir de lui être utiles, je lui abandonne le revenu de la part qui m’échoira. Je regrette que ma position ne me permette pas de pouvoir seul lui procurer une existence aussi agréable que je pourrais le désirer.

« Je te le répète, ma bonne petite sœur, et convaincs bien mes frères, mon intention absolue est que tout se termine à l’amiable, comme cela doit être entre honnêtes gens et bons parents. Si contre mon attente il s’élevait des discussions sur lesquelles vous ne puissiez pas vous accorder, je ne veux absolument pas que mon nom paraisse en justice. J’aime mieux que les intérêts de mes enfants soient lésés que de prendre un parti déshonorant pour les enfants d’un honnête homme qui n’a jamais eu rien à démêler avec elle. Je suis bien convaincu