Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/27

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que cela n’arrivera pas, mais si par hasard et par impossible ce cas se présentait je suis bien aise que vous connaissiez mon intention formelle.

« M. Lallier aura la bonté de vous communiquer ma lettre et ma procuration, je désire que tous vous y trouviez les intentions d’un homme délicat, d’un bon frère et d’un bon ami.

« Je renouvellerai ma demande au mois de novembre et au lieu de demander un congé de deux mois, j’en demanderai un de trois. De cette manière, j’aurai le moyen d’aller plus économiquement et de rester quelques jours de plus avec vous. J’ai besoin de vous revoir tous, il y a si longtemps que je ne vous ai aperçus que lorsque j’ai reçu la réponse du Ministre elle m’a fait une peine que je ne peux t’exprimer. Je me faisais une si douce idée de vous embrasser tous, mais j’espère que ce plaisir n’est que différé.

« Embrasse bien ma mère pour moi, ainsi que mes frères, ne m’oublie pas auprès de mes oncles et de leurs familles et croyez-moi tous votre bien affectionné ami. »


Le 15 août 1809, le capitaine Thiollier régularisa le mandat qu’il avait envoyé par lettre à sa sœur Catherine. Suivant acte dressé à Vérone devant les membres du Conseil d’administration du 2e régiment d’artillerie, il donna procuration pour le règlement de la succession de son père à Jean-Marie Lallier.

Les officiers et les soldats du premier Empire n’étaient pas religieux ; l’esprit du xviiie siècle et les doctrines de la Révolution avaient éteint chez la plupart la flamme de la foi. Le capitaine Thiollier, au contraire, avait conservé des sentiments chrétiens dus aux enseignements de sa mère ; mais il avoue ingénûment n’assister aux cérémonies du culte que d’une façon irrégulière :


« Je vais rarement au café, écrivait-il à sa sœur le 17 frimaire an X, peu à l’église, parce que je ne connais ne connais pas le latin italianisé ; et à quelques péchés véniels près, comme jurons, ceux de colère, petits mensonges innocents et quelques autres brimborions pareils, je crois de bonne foi que si je viens à mourir j’aurai des droits à la canonisation. »