Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admettrait-il chez lui quelqu’un dont la conversation serait indécente ou seulement équivoque ? Les gens d’esprit peuvent s’égayer dans la société, mais il en faut beaucoup pour ne pas faire rougir les femmes honnêtes et être supportable pour les hommes. Quand on est à son âge, la modestie seule convient et est le chemin le plus sûr pour plaire à tout le monde ; car rien ne sent l’ignorance de toutes choses et le mépris de toutes bienséances que ce cercle banal autour duquel tournent les sots qui n’ont pas d’autres sujets de conversation. L’amour-propre d’un enfant peut être flatté de paraître instruit sur certaine matière, mais en général on n’en fera jamais de cas dans le monde et ce ne sera pas une preuve de ses mœurs et de son éducation.

« La gratification et les appointements qu’on lui accorde me prouvent qu’on est content de lui. Je me propose de lui en témoigner toute ma satisfaction et d’en faire mes remerciements à M. Vassal.

« Tant qu’Émile se conduira de manière à mériter mon estime et mon affection, je veux être son ami plutôt que son père. Je ne vois en conséquence aucun inconvénient à ce que vous lui communiquiez mes lettres. Je pardonnerai aux erreurs, mais si jamais il manquait à l’honneur, je pourrais en mourir de chagrin, mais jamais je ne le reconnaîtrais pour mon fils. « Pardon, mon cher cousin, de tout l’embarras que je vous donne. Embrassez pour moi toute la chère petite famille et croyez-moi votre ami le plus affectionné. »

« Thiollier, capitaine commandant la 7e compagnie du régiment d’artillerie, employée à l’armée d’Illyrie, à Laybach par l’Italie. »


On le voit, la correspondance de François Thiollier est intéressante. Il écrivait simplement, avec humour ; et plusieurs de ses lettres exhalent un parfum du xviie siècle, comme on en peut juger par la formule d’un billet du 16 thermidor an X à sa sœur Catherine, pour laquelle il avait une tendre affection :


« Et maintenant, mademoiselle ma sœur, tenez-vous bien droite, prenez un air bien caressant et recevez avec le plus profond respect, les embrassements de votre très attaché, mais très négligent frère. »