Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/257

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est plus sain et plus propre, les insectes de toutes sortes étant attirés par les arbres et le gazon, et pénétrant dans l’intérieur des maisons.

Havelaar avait une très grande esplanade, qui s’étendait à perte de vue. Au premier abord, ce terme : à perte de vue peut sembler exagéré, mais il n’est que juste, cette esplanade donnant sur un ravin qui allait se perdre dans les rives du Tjioudjoung, fleuve dont l’un des embranchements entourait tout Rangkas-Betoung.

Il était difficile de dire où finissait l’esplanade de la maison du sous-préfet, et où commençait le terrain communal ; les limites changeaient à tous moments, le Tjioudjoung faisant tantôt décliver ses eaux à l’infini, et tantôt venant remplir le ravin jusqu’aux abords de l’habitation de Havelaar.

Aussi ce ravin avait-il été toujours insupportable à madame Sloterin ; ce qui se comprend parfaitement.

En effet, la végétation, déjà si luxuriante et si rapide, dans les Indes, était rendue doublement abondante par la vase que les eaux y déposaient sans cesse.

Bien plus, quand le flux ou le reflux de l’eau, dans leur cours irrésistible, déracinait et entraînait les broussailles, le terrain n’avait besoin que d’un très court laps de temps pour se recouvrir, de nouveau, de mauvaises herbes.

Tout cela faisait qu’il était bien difficile de nettoyer et tenir propre cette immense esplanade, même à proximité de l’habitation ; et ce n’était pas un mince ennui pour les résidents, qu’ils fussent ou non pères de familles.

Jugez en.