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Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/290

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Chaque préfet présente un compte-courant mensuel des quantités de riz importées dans sa préfecture, ou exportées ailleurs.

Dans ces comptes-rendus, cette exportation est divisée en deux parties ; l’une se borne à Java même, l’autre s’étend au-delà.

En calculant, maintenant, les quantités de riz transportées, suivant ces comptes, à Java, comme provenance des préfectures, et aux préfectures comme provenance de Java, on trouvera que ces quantités dépassent de plusieurs milliers de sacs, les quantités de riz, soit importées de Java, soit exportées des préfectures.

Ici, je passe sous silence ce qu’on doit penser de la clairvoyance d’un Gouvernement qui accepte et publie de pareils comptes-rendus ; j’entends, seulement, attirer l’attention du public sur les résultats de ces falsifications officielles.

La prime de tant pour cent accordée aux fonctionnaires européens et indigènes sur les produits qui se vendent en Europe, firent abandonner la culture du riz, à tel point que certaines contrées se virent en proie à la famine.

Cette famine ne put être escamotée. La nation l’apprit.

J’ai déjà dit qu’alors furent rendues des ordonnances enjoignant de porter remède au mal, et de ne plus laisser aller les choses jusque là.

Une des nombreuses conséquences de ces ordonnances fut la déclaration, sus-mentionnée du riz exporté et importé, afin que le Gouvernement pût continuellement se rendre compte du flux et du reflux de cette matière première, base de la nourriture aux Indes.