Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/291

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L’exportation d’une préfecture représente sa richesse, l’importation représente sa pauvreté.

Maintenant, si nous examinons ces déclarations, ces comptes-rendus, et si nous les comparons, nous reconnaîtrons que le riz se trouve partout en si grande abondance, que toutes les préfectures réunies en exportent bien plus qu’elles n’en importent.

Je répète qu’ici, il n’est pas question d’exportations par mer ; les comptes-rendus s’en font à part.

Le résultat de tout ce qui précède est l’hypothèse absurde : qu’à Java, il y a plus de riz qu’il n’y en a…

Si ce n’est pas là de la prospérité !…

J’ai déjà dit que le désir de ne communiquer au Gouvernement que de bonnes nouvelles serait bien comique, si les suites n’en étaient pas aussi tristes.

Quelle amélioration peut-on espérer, en ayant affaire à un tas de coquins, qui n’ont qu’un seul plan, un seul but, tromper le pouvoir, dans tous les rapports qu’ils entretiennent avec lui.

Qu’y a-t-il à attendre, par exemple, d’une population, qui, douce et soumise, après s’être plainte de longues années de la rude oppression qui pèse sur elle, voit chacun de ses préfets se retirer, soit en congé, soit par un appel à d’autres fonctions, avec une pension de retraite, sans avoir rien fait pour la préserver des maux dont elle souffre !

La corde trop tendue finit par éclater et se briser !

La plainte, le mécontentement, comprimés si longtemps aboutissent enfin à la fureur, au désespoir, à la rage !

C’est la grande route de la Jacquerie.

Et, où se trouveront-ils, à ce moment-là, ces fonctionnaires, qui, se succédant depuis des années, n’avaient jamais pensé qu’il existât quelque chose