Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/293

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Quoi qu’il en soit, le Gouvernement ne se résout qu’à regret à appliquer les règlements, protecteurs du Javanais contre la concussion et la rapine.

Le plus souvent on s’arrange pour trouver dans des arguments politiques impondérables une raison pour ménager tel régent ou tel autre chef ; aussi l’opinion publique, aux Indes, est-elle que le Gouvernement préférerait demander leur démission à dix préfets plutôt qu’à un Prince-Régent.

Ces prétendus arguments politiques, — quand ils existent réellement et qu’ils ont un point d’appui, — ne sont basés que sur des rapports mensongers, puisque chaque préfet a intérêt à exalter l’influence du Prince-Régent sur la population ; et cela, pour s’abriter derrière lui, si par hasard, un jour ou l’autre, il vient à être question d’un excès d’indulgence envers ces chefs-là.

À présent, vous me laisserez passer sous silence l’hypocrisie abominable de ces règlements humanitaires et de ces serments écrits, qui protègent le Javanais contre l’arbitraire, et prier le lecteur de se rappeler l’attitude de Havelaar au moment où il prononça ce serment.

Il avait l’air d’agir et de parler machinalement, tenant à mépris cette formule absurde, complètement inutile pour un honnête homme décidé à faire son devoir.

Ce serment n’était donc qu’une difficulté, à son point de vue personnel, difficulté bien plus grande pour lui que pour tant d’autres. En effet, il avait l’âme généreuse ; son cœur se trouvait sans cesse en opposition avec son esprit dont le lecteur doit apprécier maintenant toute la pénétration.

Il avait donc, non seulement à se préoccuper de