Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre des abus faciles à commettre, et encore plus faciles a dissimuler.

Je vous ai dit que j’arrivais à l’histoire de Saïdjah.

Il me faut pourtant encore me livrer à une de ces digressions, si difficiles à éviter en présence de situations tout-à-fait étrangères au lecteur.

Cette digression me fournira l’occasion de prouver une fois de plus la difficulté qui existe, pour des Européens, à juger sainement les habitudes et les affaires indiennes.

J’ai souvent employé le vocable : Javanais ; et quoi que ce vocable paraisse très naturel au lecteur européen, il peut paraître impropre à toute personne connaissant Java.

Les préfectures de l’Ouest, comme Bantam, Batavia, Preanger, Krawang, et une partie de Chéribon, formant ensemble le pays de Soundah, sont censé ne pas appartenir à Java, proprement dite.

Sans parler, maintenant, des étrangers venus par la voie de mer dans ces contrées-là, la population primitive diffère essentiellement de la population habitant le milieu, le centre de Java, ou même le côté de l’Est, comme on l’appelle.

La langue, le caractère, les mœurs, les vêtements, varient tellement entre ces diverses régions, qu’en vérité le Soundanois, ou montagnard, ne ressemble pas plus à un Javanais proprement dit, qu’un Anglais ne ressemble à un Hollandais.

Aux Indes, de telles différences donnent souvent lieu à un désaccord complet dans le jugement d’un grand nombre de questions.

En effet, en se rendant compte que Java, seule, est déjà partagée en deux parties ostensiblement hétérogènes, et sans s’occuper même des subdivisions dé-