Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/345

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La femme de l’Homme-au-châle n’avait qu’un mince petit mantelet de soie noire, et cela, malgré un froid assez vif.

Pas la moindre trace de crinoline.

Sa petite robe, d’étoffe légère, tombait droit le long de ses genoux ; elle était même frangée à ses extrémités.

Quant à lui, il n’avait pas pris son châle, et se promenait en tenue d’été.

Malgré cela, il n’avait rien perdu de sa morgue, puisque je l’ai vu faire l’aumône à une pauvre femme, qui était assise près l’écluse !

Frédéric dirait près le pont ; mais dès que la construction est en pierre, et ne forme pas bascule, moi, je lui donne le nom : d’écluse.

Or, quiconque n’a pas de quoi vivre, et fait le généreux aux dépens d’un de ses semblables, commet un péché !

Je vais plus loin : jamais je ne donne rien dans la rue ; c’est un principe, chez moi. Je me dis toujours en voyant des gens pauvres et misérables :

Voilà des fainéants, qui en sont venus là par leur propre faute ! À quoi bon encourager leur fainéantise et leur perversité !

Le dimanche, je donne deux fois, une pour les pauvres, et l’autre pour l’Église.

Cela doit se faire.

Je ne sais si l’Homme-au-châle m’a vu ; je passais rapidement, et je regardais en l’air, tout en pensant à la justice de Dieu, qui ne le laisserait pas aller ainsi sans pardessus, s’il s’était mieux comporté, et s’il n’était pas paresseux, pédant et maladif !

Pour en revenir à mon livre, il me faut véritablement demander pardon au lecteur des procédés