Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cela bien avant le commencement de notre enquête.

En même temps, laissez moi ajouter que je ne me croirai responsable de mes accusations, qu’à une condition expresse, c’est que vous voudrez bien tomber d’accord avec moi sur mon plan, et sur la façon impartiale, publique, et libre, dont ce plan sera mise à exécution.

Or, cette liberté n’existera qu’à partir de l’éloignement du Prince-Régent.

J’ose dire qu’il n’y a aucun danger dans tout cela.

On pourra apprendre au Prince-Régent que c’est moi, qui l’accuse, et le soupçonne.

S’il est innocent ce sera moi qui courrai un danger quelconque, et non pas lui ; car, je suis le premier à avancer que, s’il se présente l’ombre d’une preuve donnant à penser que j’aie agi témérairement ou même prématurément, je serai le seul coupable à punir, et l’on devra me mettre en retrait d’emploi.

Prématurément !… après des années, et des années d’abus !

Prématurément !… comme si un honnête homme pouvait dormir, vivre, et se réjouir, pendant que ceux-là au bien-être desquels il doit se consacrer, ceux, qui sont ses semblables, ses prochains, dans le sens le plus élevé du mot, pleurent, souffrent, et meurent sous les mauvais traitements, et sous la concussion !

Il est vrai que je suis ici depuis peu de temps ; mais, je l’espère, un jour viendra où il s’agira de savoir non si l’on a agi trop vite, mais, bien si l’on a agi comme on devait agir.

Pour moi, je trouve trop longue chaque minute d’oppression, et de malversation ; une seconde me pèse, si cette seconde s’est écoulée au détriment de