Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/410

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Après quoi, le préfet lui remit un certain nombre de billets de banque, qu’il avait dans son portefeuille, et qui étaient destinés à cet emploi.

On comprend que tout cela se passait en dehors de Havelaar.

Nous verrons tout à l’heure comment ce dernier eût connaissance de cette manière d’agir infâme.

Lorsque le préfet Filandré descendit chez lui, Havelaar le trouva plus pâle que d’habitude, et il remarqua que ses paroles étaient plus détachées que jamais.

Mais aussi, il faut l’avouer, pour quelqu’un qui avait la science des transactions, qui excellait à rédiger des rapports annuels pleins de satisfaction, et de tranquillité, ce n’était pas une petite affaire de recevoir coup sur coup des lettres dans lesquelles il n’y avait ni trace d’optimisme, ni artifice, ni le moindre souci de mécontenter le Gouvernement par des rapports défavorables.

Le préfet de Bantam avait pris peur, et si l’on veut bien me pardonner la grossièreté de l’image à cause de sa justesse, je le comparerai à un gamin, qui, recevant le fouet sans avis ou menaces préalables, se plaint de voir violer les habitudes de la maison.

Il commença par demander au contrôleur pourquoi il n’avait pas essayé d’empêcher Havelaar de lancer sa mise en accusation.

Le pauvre Dipanon, ignorant l’existence de la plainte, déclara qu’il n’en avait jamais entendu parler ; mais, le sieur Filandré n’ajouta pas foi à sa protestation, ne pouvant s’imaginer qu’un fonctionnaire ait pris sous son bonnet, sous sa propre responsabilité, à ses risques et périls, et sans consulter âme qui vive, la résolution inouïe de faire son devoir.

Mais, Dipanon maintenant ses protestations d’igno-