Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/426

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vous ôter l’espérance d’être réemployé, auprès d’un autre Gouvernement, sis dans l’intérieur du pays.

Pour ce motif je vous charge provisoirement de remplir les fonctions de sous-préfet de Ngawi.

Vos actes ultérieurs, et la conduite que vous tiendrez dans vos nouvelles fonctions nous feront voir si vous êtes à même de rester placé auprès du Gouvernement, dans l’intérieur.

Cela dépendra entièrement de vous. »

Et là-dessous, au bas de tout ce fatras se trouvait le nom de l’homme sur le zèle, la capacité et la bonne foi duquel, le Roi disait pouvoir compter, en signant sa nomination de Gouverneur-général des Indes Hollandaises.

— Nous partons d’ici, chère Tine ! dit Havelaar, avec résignation ; et il remit la dépêche du cabinet à Dipanon, qui la parcourut en même temps que Declari.

Dipanon avait les larmes aux yeux, mais, il ne soufflait pas mot.

Declari, homme parfaitement civilisé, éclata, et poussa un juron formidable.

— Sacré tonnerre ! J’ai vu ici, dans l’administration, un tas de coquins et de voleurs !… Ces gredins-là sont partis, avec les honneurs de la guerre !… et c’est à vous qu’on écrit une lettre semblable !…

— Bah ! Ce n’est rien ! fit Havelaar ; le Gouverneur-général est un honnête homme… on s’est arrangé pour le tromper. Il est vrai qu’il eût bien pu ne pas commettre cette méprise en se donnant la peine de m’écouter dès le principe ; mais, il est tombé dans les pièges de la bureaucratie, qui règne à Buitenzorg ; je me rendrai chez lui, et je lui exposerai