Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/427

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comment les choses se passent ici. Il fera justice, j’en suis sûr.

— Mais, si vous partez pour Ngawi.

— Oui… je sais ! à Ngawi, le Régent est apparenté à la cour de Djoksa. Je connais Ngawi. Deux ans de suite j’ai résidé à Baglen, qui se trouve dans le voisinage. Je me verrais forcé de faire à Ngawi exactement ce que je viens de faire ici. Ce serait un vice-versa inutile ; bonnet-blanc, blanc-bonnet ! D’autre part, il m’est impossible de servir à l’essai, comme si je m’étais mal conduit… Et, en dernier lieu, je m’aperçois que pour mettre un terme à toute cette pasquinade, à cette tartufferie, je ne dois pas être fonctionnaire. Comme fonctionnaire, je rencontrerais entre le Gouvernement, et moi, trop de gens ayant intérêt à nier la misère des populations. Une autre raison, qui m’empêchera de me rendre à Ngawi, c’est que cette place n’était pas vacante ; elle vient d’être ouverte, et rendue libre pour moi seul !… regardez !

Et, leur présentant le Journal de Java, arrivé par le même courrier, il leur montra que réellement par le décret du Gouvernement, qui le nommait sous-préfet de Ngawi, le dernier sous-préfet de cette contrée venait d’être appelé à remplir les mêmes fonctions dans une autre division, qui, celle-là, était bien vacante !

— Savez-vous pourquoi il faut que j’aille précisément à Ngawi, et non à la division vacante ! Je vais vous le dire : le préfet de Madioun, dont Ngawi dépend, est le beau-frère du précédent préfet de Bantam. J’ai avancé qu’ici on avait toujours gouverné d’une façon indigne, que le Prince-Régent avait eu autrefois sous les yeux des exemples si détestables…