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L’AIGUILLE DES CHARMOZ

Nous trouvons du moins la jolie propriétaire elle-même en train de donner à manger à ses cochons. Elle nous apporte du lait, et, bien qu’il soit d’une qualité exceptionnelle, les plus difficiles de la caravane l’eussent préféré si les nombreux habitants du chalet et de la propriétaire n’étaient pas venus auparavant chercher la mort dans le bol écumant.

Heureusement les lacets de la route ne furent pas trop longs à se dévider devant nous, et à 5 h. 30 soir nous étions chaudement félicités par M. et Mme Couttet et salués par un excellent Champagne.


L’AIGUILLE DES CHARMOZ – SANS GUIDES


Cette ascension ne fut pas refaite, plusieurs années durant, mais finalement M. Dunod, avec F. Simond, parvint au sommet Sud, et l’année suivante il reprit le piolet que nous avions laissé sur le pic Nord. Peu après, l’escalade de notre montagne devint l’ascension la plus populaire des environs du Montenvers[1], et la traversée des Cinq Pointes (c’est ainsi qu’on la désigne maintenant) est reconnue pour être la meilleure, et la plus amusante préparation aux escalades de rocher à Chamonix.

En 1892, je partis de nouveau pour cette ascension. Cette fois nous étions sans guides, car nous avions appris la grande vérité, à savoir que ceux qui désirent réellement goûter aux joies et aux plaisirs de la montagne doivent

  1. Les cartes de Mieulet et de Kurz ont adopté cette orthographe ; Durier écrit Montanvers ; M. J. Vallot adopte Montanvert. Voyez à ce sujet une intéressante note de M. J. Vallot : Annuaire du Club Alpin Français, 1894, p. 46. — M. P.