Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
LE DYCH TAU

Hardie et bonne action, faite sans espoir de récompense, pour des gens qui avaient peu ou pas de droits, sur lui.

Un agneau est promptement poursuivi et immolé ; et bientôt nous sommes assis autour d’un feu ronflant, à veiller sur les quartiers du dit agneau, grésillant sur de longues baguettes de bois. La vue de ces succulents morceaux, enchâssés dans un halo de flamme dansante, a vite fait de relever mon moral et je regarde même comme une prédiction inspirée la réponse favorable du chasseur à ma demande sur l’état du temps. Mais il n’y a pas moyen de réconforter Zurfluh : il n’accepte pas le sens de ma traduction de «Yak shi », et considère avec le plus amer mépris mes efforts pour parler la langue tartare.

Le lendemain son pessimisme semblait justifié, car le brouillard était plus épais et plus humide que jamais. Toutefois le chasseur répondit encore « Yak shi » à toutes les demandes ; aussi, un peu malgré Zurfluh, le camp fut-il levé ; et à midi environ le chasseur nous conduisait, à travers le brouillard, le long d’un excellent sentier. Le berger avait aussi consenti à se joindre à notre caravane, de sorte que j’avais le rare et délicieux privilège de marcher sans être chargé. Comme nous montions, nous entrevîmes, jusqu’à l’évidence même, la source des embarras de Zurfluh le jour précédent. Le chasseur avait voulu certainement qu’il remontât le glacier jusqu’au dessus des séracs et que de là il revint au chalet par le sentier que nous suivions actuellement. Mais Zurfluh, voyant qu’il remontait le glacier beaucoup trop loin, avait tourné à droite et, au milieu d’un brouillard impénétrable, avait forcé le passage au point le plus difficile. Le chasseur, lui, n’avait naturellement pas voulu paraître avoir peur devant un Incroyant et il avait suivi.

Nous passons les séracs et nous atteignons sans diffi-