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LE COL DE ZANNER

Tard dans la matinée du lendemain, nous voyons nôtre porteur réapparaître. Un arrangement complexe de sacs — l’un devant, l’autre derrière — un énorme fagot de bois jeté un peu partout, et une burka habilement drapée autour de ses épaules et de son paquetage, lui donnaient la tournure d’un énorme parapluie, faisant tranquillement sa petite promenade, dans les conditions atmosphériques où les parapluies ont l’habitude de la faire.

Un peu avant la nuit un furieux vent de Sud-Ouest chassa les nuages du fond de la vallée, puis les grands pics émergèrent, resplendissant d’une neige très blanche. Le vent tourna au Nord durant la nuit, et de terribles rafales mirent à l’épreuve la solidité de notre tente. Plus d’une fois nous fûmes obligés d’avoir recours à des moyens énergiques pour la sauver d’une ruine totale. Heureusement, nuages et nuées furent mis en complète déroute, et au jour nous pûmes voir les derniers soldats de leur armée battue se précipiter pêle-mêle à travers le Col de Zanner.

Quand je songe à mettre mes bottes de montagne, je m’aperçois que l’un de ces objets de première nécessité a complètement disparu. Dans sa grande sagesse, Zurfluh avait utilisé mes bottes pour l’ornementation des bâtons de tente, et, durant la nuit, un coup de vent plus violent que les autres en avait jeté une au loin. Une recherche subséquente me la fait découvrir submergée dans une flaque de boue !

Le berger du pâturage opposé nous avait promis de traverser et de nous servir de second porteur ; pendant que nous l’attendons nous avons donc tout loisir de laver mon brodequin, puis de le débarrasser autant que possible de l’humidité intérieure ; nous utilisons aussi le marteau et la bigorne de Zurfluh pour remettre des clous à nos