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PLAISIRS ET PÉNALITÉS

souvenir que j’ai en vue surtout la conduite des caravanes sans guides. Chaque touriste dans un parti ainsi composé doit être absolument certain de ne jamais glisser, la précaution monotone de la corde pourra alors, en de nombreux endroits, être abandonnée en toute sécurité et parfois même avec avantage.

Je sais bien, il est vrai, que les hautes autorités affirment qu’une caravane devrait toujours être encordée, et qu’elle ne devrait jamais être moindre de trois, l’encyclopédie de All England ne dit-elle pas : « n’importe quel nombre peut être bon, mais celui de deux est mauvais » ? J’avoue que je n’arrive pas à comprendre les raisons qui ont amené l’auteur à cette assertion inqualifiable. Il est certain que le meilleur nombre dépendra d’une foule de conditions, qui varient elles-mêmes avec l’expédition en vue. Par exemple, au Col du Lion, deux est sans aucun doute le nombre le meilleur et le plus sûr. Non seulement il est désirable de réduire à sa plus petite dimension la cible offerte à la mousqueterie de ces canons colossaux ; mais il est de plus essentiel d’être capable de se mouvoir avec la plus grande rapidité obtenable. En pareil cas chaque personne ajoutée est une source de danger.

Beaucoup de récents écrits sur la question posent en principe que, sur des pentes rapides ou sur des murailles, trois hommes sont plus en sécurité que deux. Nous allons démontrer que c’est là une erreur. Si le premier glisse, cela entraîne presque nécessairement la perte de la caravane ; en effet le choc tout entier viendra se produire sur la personne qui est au dessous de lui dans la ligne de chute, et si celle-ci est enlevée de son point d’appui il est absurde de supposer que le troisième sera capable de supporter le choc de deux hommes qui