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SUR HENRY MURGER.
ger l’aimait de tout son cœur, cette Musette ; il en fait l’élégie et la chanson de Musette ; il a chanté, sans les compter, les épithalames de Musette, il a célèbre son De profundis. Ô Musette, a-t-il dit souvent, vous êtes bien la sœur de Bernerette et de Mimi Pinson ! — Il disait juste, il disait vrai ; mais il fallait dire aussi que Mimi Pinson et Bernerette étaient les sœurs cadettes de Manon Lescaut. Alfred de Musset, l’abbé Prévost, Henry Murger, trois bohémiens de la même bohème, et morts si tristement tous les trois ! Elle est accorte, elle est avenante, elle est aimable enfin, cette Musette ; elle se mêle agréablement aux dépenses et aux économies de nos bohèmes faiseurs d’opéras, de tableaux et de philosophie !
 
On n’en finirait pas avec ces chers souvenirs que ravive aujourd’hui cette mort cruelle, inattendue, et qui nous reviennent en ce moment, tout semblables à des roses fanées que l’on jette sur un cercueil et qui n’ont pas tout à fait perdu la suave odeur printanière. Aussi bien, il est partout, ce livre de la bohème. Il a déjà charmé la jeunesse de deux générations. La troisième arrive, et déjà le sait par cœur. La bohème de Henry Murger et les chansons de Béranger sont les vrais premiers chapitres du Code civil et des leçons de Galien. Vous aurez beau faire et déclamer, le livre existe, il est adopté, rien ne saurait en distraire les hommes de la génération qui s’en va, moins encore les hommes de la génération prochaine
 

Henry Murger a compris plus d’une fois dans ces mo-