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scandales. Il est vrai que le talent a le pouvoir de s’imposer et que si nos auteurs modernes avaient trouvé en eux assez de force morale et littéraire pour se faire écouter, ils auraient formé le goût du public au lieu de se pervertir avec lui en le servant dans ses débauches.

Ce à quoi les auteurs répondent : Que n’ayant pas d’artistes pour les inspirer, sachant que leurs œuvres ne seront jamais interprétées avec le soin qu’ils mettraient à les composer, mieux vaut tirer de 1 art ce qu’on en tire aujourd’hui : un peu d’argent, ce qui donne assez de gloire.

Que répondra l’artiste ? Oh ! sa défense est facile ; comment voulez-vous qu’il étudie, et pourquoi faire ? Où sont les pièces que l’on joue beaucoup plus de trente fois ? où sont celles que l’on reprend jamais ? Puis, qui sait si le directeur d’aujourd’hui vivra même le temps de son engagement ? qui sait si l’artiste arrivera jamais ? Le protégé du directeur le permettra-t-il ? Et les dames artistes, pourquoi chercheraient-elles à acquérir du talent, puisqu’on ne leur demande que de la grâce et de la beauté ? Elles ont ma foi bien le temps d’étudier autre chose que des sourires devant leur miroir et la composition de leurs toilettes ; ne faut-il pas qu’elles vivent et cherchent dans le théâtre la seule voie qui conduise aux appointements !