Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/151

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Tu n’emporteras pas ma dépouille royale,
Et ce glorieux nom qu’avant toi j’ai porté,
Tu me le rendras tel que je te l’ai prêté ;
Tu l’abandonneras, ce lit qui t’épouvante,
Et demain, s’il le faut, j’y rentrerai servante,
Mais j’en sortirai reine, et si, pour t’en bannir,
Dans ta grandeur d’un jour il faut t’ensevelir,
Accusez-en le ciel qui vous a condamnée,
Madame : vous venez heurter ma destinée !
Nous sommes l’une à l’autre un obstacle ici-bas,
Que Dieu juge entre nous ! vous ne partirez pas !
Le roi paraît.



Scène III


FRÉDÉGONDE, LE ROI.
Le Roi.

Est-ce toi, Frédégonde ? approche, et viens me dire
Quel oubli de toi-même à ta perte conspire.
Tu connais ma tendresse, et l’ancienne amitié
Qui de tes déplaisirs prit toujours la moitié.
Qui te fait t’emporter jusqu’à braver la reine ?
Elle est du sang des rois, elle est ta souveraine.
L’Église la protège, et ses droits proclamés…

Frédégonde.

Elle est bien plus encor, seigneur, si vous l’aimez.