Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/20

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confiance et à la crédulité. Son éducation fut commencée par un précepteur nommé Bouvrain jeune, et continuée, pendant les années 1818 et 1819, par M. Bouvrain aîné, qui avait le bon esprit d’enseigner à ses élèves plusieurs choses à la fois, entre autres la langue italienne qu’il parlait très purement[1]. À l’âge de neuf ans, lorsqu’il se présenta comme externe au collège Henri IV, Alfred de Musset se trouva à la fois le plus jeune et l’un des plus forts de la classe de sixième. Jusqu’à la fin de ses études, il obtint les meilleures places et des prix à toutes les distributions. Son dernier succès, et le plus éclatant, fut un prix de dissertation latine, en philosophie, au concours général de 1827. Il avait eu pour rival et souvent pour voisin au banc d’honneur le duc de Chartres, qui l’invitait à venir passer les dimanches au château de Neuilly, avec d’autres écoliers. Toute la famille d’Orléans lui témoigna de l’intérêt, et l’aîné des jeunes princes honora son condisciple d’une amitié à laquelle tous deux restèrent fidèles.

Parmi ses camarades de classe, Alfred avait encore pour ami Paul Foucher, élève externe comme lui. Une communauté de goûts les rapprocha l’un de l’autre : ils étaient pris d’une véritable rage de lecture et de spectacle. Aussi souvent que leurs parents le permettaient, ils allaient ensemble au parterre de la Comédie-Française ou de l’Odéon. Bientôt ils surent par cœur des fragments de pièces qu’ils récitaient sous les arbres du Luxembourg, en revenant du collège. Ils se racontaient les drames des théâtres étrangers et les ouvrages des auteurs contemporains qu’ils avaient lus

  1. Les frères Bouvrain quittèrent, peu de temps après, la carrière de l’enseignement ; aujourd’hui, ils sont tous deux architectes.