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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/197

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Philippe.

N’as-tu pas averti nos amis ? N’ont-ils pas l’épée à la main à l’heure qu’il est ?

Lorenzo.

Je les ai avertis ; j’ai frappé à toutes les portes républicaines avec la constance d’un frère quêteur ; je leur ai dit de frotter leurs épées, qu’Alexandre serait mort quand ils s’éveilleraient. Je pense qu’à l’heure qu’il est, ils se sont éveillés plus d’une fois, et rendormis à l’avenant. Mais, en vérité, je ne pense pas autre chose.

Philippe.

As-tu averti les Pazzi ? l’as-tu dit à Corsini ?

Lorenzo.

À tout le monde ; je l’aurais dit, je crois, à la lune, tant j’étais sûr de n’être pas écouté.

Philippe.

Comment l’entends-tu ?

Lorenzo.

J’entends qu’ils ont haussé les épaules, et qu’ils sont retournés à leurs dîners, à leurs cornets et à leurs femmes.

Philippe.

Tu ne leur as donc pas expliqué l’affaire ?

Lorenzo.

Que diantre voulez-vous que j’explique ? croyez-vous que j’eusse une heure à perdre avec chacun d’eux ? Je leur ai dit : Préparez-vous ; et j’ai fait mon coup.