Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/198

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Philippe.

Et tu crois que les Pazzi ne font rien ? qu’en sais-tu ? Tu n’as pas de nouvelles depuis ton départ, et il y a plusieurs jours que tu es en route.

Lorenzo.

Je crois que les Pazzi font quelque chose ; je crois qu’ils font des armes dans leur antichambre, en buvant du vin du Midi de temps à autre, quand ils ont le gosier sec.

Philippe.

Tu soutiens ta gageure ; ne m’as-tu pas voulu parier ce que tu me dis là ? Sois tranquille ; j’ai meilleure espérance.

Lorenzo.

Je suis tranquille, plus que je ne puis dire.

Philippe.

Pourquoi n’es-tu pas sorti la tête du duc à la main ? Le peuple t’aurait suivi comme son sauveur et son chef.

Lorenzo.

J’ai laissé le cerf aux chiens ; qu’ils fassent eux-mêmes la curée.

Philippe.

Tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais.

Lorenzo.

Je ne les méprise point ; je les connais. Je suis très persuadé qu’il y en a très peu de très méchants, beaucoup de lâches, et un grand nombre d’indifférents. Il y en a aussi de féroces, comme les habitants de Pistoie,