Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/349

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Maître Bernard.

Tranquillise-toi ; je te répète…

Carmosine.

Je suis très tranquille, donnez-la-moi. — Il n’y a personne de trop ici.

Elle lit.
« À mon second père, maître Bernard.

« Je vais bientôt quitter Palerme. [Je remercie Dieu qu’il m’ait été permis d’approcher une dernière fois des lieux où a commencé ma vie, et où je la laisse tout entière. Il est vrai que, depuis six ans, j’avais nourri une chère espérance, et que j’ai tâché de tirer de mon humble travail ce qui pouvait me rendre digne de la promesse que vous m’aviez faite.] Pardonnez-moi, j’ai vu votre chagrin, et j’ai entendu Carmosine… » Ô ciel !

Maître Bernard.

Je t’en supplie, rends-moi ce papier !

Carmosine.

Laissez-moi, j’irai jusqu’au bout.

Elle continue.

« Et j’ai entendu Carmosine dire que mon triste amour lui faisait horreur. [Je me doutais depuis longtemps que cette application de ma pauvre intelligence à d’arides études ne porterait que des fruits stériles.] Ne craignez plus qu’une seule parole, échappée de mes lèvres, tente de rappeler le passé, et de faire renaître le souvenir d’un rêve, le plus doux, le seul que j’aie fait,