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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/354

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Tout m’est indifférent aujourd’hui : ce palais, où habite la puissance, où règnent toutes les passions, toutes les vanités et toutes les haines, est plus vide pour moi qu’un désert. Que pourrais-je redouter auprès de ce que j’ai souffert ? Le désespoir ne vit que d’une pensée, et anéantit tout le reste.



Scène II


PERILLO, MINUCCIO.
Minuccio, marchant à grands pas.

Va dire, Amour, ce qui cause ma peine,
S’il ne me vient…

Ce n’est pas cela, — j’avais débuté autrement.

Perillo, à part.

Voici un homme bien préoccupé ; il n’a pas l’air de m’apercevoir.

Minuccio, continuant.

S’il ne me vient ou me veut secourir,
Craignant, hélas !…

Voilà qui est plaisant. — En achevant mes derniers vers, j’ai oublié net les premiers. Faudra-t-il donc refaire mon commencement ? J’oublierai à son tour ma fin pendant ce temps-là, et il ne tient qu’à moi d’aller ainsi de suite jusqu’à l’éternité, versant les eaux de Castalie dans la tonne des Danaïdes ! Et point de crayon !