Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/403

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lui ce repos, cet espoir que vous n’avez pas, cette sorte de joie qui est si loin de vous ?

Carmosine.

Non, pas si loin que tu peux le croire. Lorsque Dieu nous appelle à lui, il nous envoie, n’en doute point, des messagers secrets qui nous avertissent. [Je n’ai pas fait beaucoup de bien, mais je n’ai pas non plus fait grand mal. L’idée de paraître devant le Juge suprême ne m’a jamais inspiré de crainte ; il le sait, je le lui ai dit ; il me pardonne et m’encourage.] J’espère, j’espère être heureuse. J’en ai déjà de charmants présages.

Perillo.

Vous l’aimez beaucoup, Carmosine.

Carmosine.

De qui parles-tu ?

Perillo.

Je n’en sais rien ; mais la mort seule n’a point tant d’attraits.

Carmosine.

Écoute. Ne fais pas de vaines conjectures, et ne cherche pas à pénétrer un secret qui ne saurait être bon à personne ; tu l’apprendras quand je ne serai plus. [Tu me demandes pourquoi je trompe mon père ? C’est précisément par cette raison que je ne ferais, en m’ouvrant à lui, qu’une chose cruelle et inutile. Je ne t’aurais point non plus parlé comme je l’ai fait, si, en le faisant, je n’eusse rempli un devoir. Je te demande de ne point trahir la confiance que j’ai en toi.