Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/118

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Le bruit d’une clef dans la serrure le fit retourner précipitamment à son placard : était-ce la marquise ou la femme de chambre ? Celle-ci pouvait le délivrer, ou du moins lui donner un morceau de pain. M’accuserez-vous encore d’être romanesque si je vous dis qu’en ce moment il ne savait laquelle des deux il eût souhaité de voir entrer ?

Ce fut la marquise qui parut. Que venait-elle faire ? La curiosité fut si forte, que toute autre idée s’évanouit. Madame de Parnes sortait de table ; elle fit précisément ce que Valentin rêvait tout à l’heure, elle ouvrit les fenêtres, ferma les persiennes et alluma deux bougies. Le jour commençait à tomber. Elle posa sur la table un livre qu’elle tenait, fit quelques pas en fredonnant, et s’assit sur un canapé.

— Que vient-elle faire ? se répétait Valentin. Malgré l’opinion de la servante, il ne pouvait se défendre d’espérer qu’il allait découvrir quelque mystère. — Qui sait ? pensait-il, elle attend peut-être quelqu’un. Je me trouverais jouer un beau rôle s’il allait arriver un tiers ! La marquise ouvrait son livre au hasard, puis le fermait, puis semblait réfléchir. Le jeune homme crut s’apercevoir qu’elle regardait du côté du placard. À travers la porte entre-bâillée, il suivait tous ses mouvements ; une étrange idée lui vint tout à coup : la femme de chambre avait-elle parlé ? la marquise savait-elle qu’il était là ?

Voilà, direz-vous, une idée bien folle, et surtout bien