Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/119

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peu vraisemblable. Comment supposer qu’après son billet, la marquise, instruite de la présence du jeune homme, ne l’eût pas fait mettre à la porte, ou tout au moins ne l’y eût pas mis elle-même ? Je commence, madame, par vous assurer que je suis du même avis que vous ; mais je dois ajouter, pour l’acquit de ma conscience, que je ne me charge, sous aucun prétexte, d’éclaircir des idées de ce genre. Il y a des gens qui supposent toujours, et d’autres qui ne supposent jamais ; le devoir d’un historien est de raconter et de laisser penser ceux qui s’en amusent.

Tout ce que je puis dire, c’est qu’il est évident que la déclaration de Valentin avait déplu à madame de Parnes ; qu’il est probable qu’elle n’y songeait plus ; que, selon toute apparence, elle le croyait parti ; qu’il est plus probable encore qu’elle avait bien dîné, et qu’elle venait faire la sieste dans son pavillon ; mais il est certain qu’elle commença par mettre un de ses pieds sur son canapé, puis l’autre ; puis qu’elle posa la tête sur un coussin, puis qu’elle ferma doucement les yeux ; et il me paraît difficile, après cela, de ne pas croire qu’elle s’endormit.

Valentin eut envie, comme dit Valmont, d’essayer de passer pour un songe. Il poussa la porte du placard ; un craquement le fit frémir ; la marquise avait ouvert les yeux, elle souleva la tête et regarda autour d’elle. Valentin ne bougeait pas, comme vous pouvez croire. N’entendant plus rien et n’ayant rien vu, madame de