Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/130

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— Moi ? pas du tout. La jalousie est un sentiment que je déteste.

— Pourquoi donc vous fâchez-vous de ce que je trouve à ce mouchoir un air d’antichambre ? Est-ce ma faute, ou la vôtre ?

— Je ne m’en fâche point, je le trouve tout simple.

En parlant ainsi, il tournait le dos. Madame de Parnes s’avança doucement, se saisit du mouchoir de madame Delaunay, et, s’approchant d’une fenêtre ouverte, le jeta dans la rue.

— Que faites-vous ? s’écria Valentin. Et il s’élança pour la retenir ; mais il était trop tard.

— Je veux savoir, dit en riant la marquise, jusqu’à quel point vous y tenez, et je suis curieuse de voir si vous descendrez le chercher.

Valentin hésita un instant, et rougit de dépit. Il eût voulu punir la marquise par quelque réponse piquante ; mais, comme il arrive souvent, la colère lui ôtait l’esprit. Madame de Parnes se mit à rire de plus belle. Il enfonça son chapeau sur sa tête, et sortit en disant : Je vais le chercher.

Il chercha en effet longtemps ; mais un mouchoir perdu est bientôt ramassé, et ce fut vainement qu’il revint dix fois d’une borne à une autre. La marquise à sa fenêtre riait toujours en le regardant faire. Fatigué enfin, et un peu honteux, il s’éloigna sans lever la tête, feignant de ne pas s’apercevoir qu’on l’eût observé. Au coin de la rue pourtant, il se retourna et vit madame