Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/177

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battre avec vous. Je n’ai pas la force d’en dire davantage ; je suis plus morte que vive. »

Frédéric passa la journée entière dans sa chambre ; il s’attendait à la visite de son rival, ou du moins à une provocation. Il fut surpris de ne recevoir ni l’une ni l’autre. Le lendemain et pendant les huit jours suivants, même silence. Il apprit enfin que M. de N***, l’amant de Bernerette, avait eu avec elle une explication, à la suite de laquelle celle-ci avait quitté la maison et s’était sauvée chez sa mère. Resté seul et désolé de la perte d’une maîtresse qu’il aimait éperdument, le jeune homme était sorti un matin et n’avait plus reparu. Au bout de quatre jours, ne le voyant pas revenir, on avait fait ouvrir la porte de son appartement ; il avait laissé sur sa table une lettre qui annonçait son fatal dessein. Ce ne fut qu’une semaine plus tard qu’on trouva dans la forêt de Meudon les restes de cet infortuné.