Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et moi aussi, dit ser Vespasiano.

— Et moi aussi, répéta d’une voix douce et sonore une des nombreuses nièces de la comtesse ; mais rouvrez votre bourse, seigneur Vecellio : il y a encore un sequin dedans.

Pippo sourit, et trouva en effet au fond de sa bourse un sequin qu’il y avait oublié. — Soit, dit-il, jouons encore un coup, mais je ne hasarderai pas davantage. Il prit le cornet, gagna, se remit à jouer en faisant paroli ; bref, au bout d’une heure, il avait réparé sa perte de la veille et celle de la soirée.

— Continuez-vous ? demanda-t-il à son tour à ser Vespasiano, qui n’avait plus rien devant lui.

— Non ! car il faut que je sois un grand sot de me laisser mettre à sec par un homme qui ne hasarderait qu’un sequin. Maudite soit cette bourse ! elle renferme sans doute quelque sortilège.

Le notaire sortit furieux de la salle. Pippo se disposait à le suivre, lorsque la nièce qui l’avait averti lui dit en riant :

— Puisque c’est à moi que vous devez votre bonheur, faites-moi cadeau du sequin qui vous a fait gagner.

Ce sequin avait une petite marque qui le rendait reconnaissable. Pippo le chercha, le retrouva, et il tendait déjà la main pour le donner à la jolie nièce, lorsqu’il s’écria tout à coup :

— Ma foi, ma belle, vous ne l’aurez pas ; mais, pour